mardi, juin 05, 2007

Santa Catalina de Somoza --> Acebo


Aujourd'hui, nous entrons dans les montagnes du Bierzo et montons à une altitude de 1500 m. l'étape, assez longue et éprouvante à cause du dénivelé, dois nous permettre d'entrer de plain-pied dans la Galice. La chaine de montagnes réalise une frontière naturelle avec le reste de l'Espagne, elle est surprenament haute, on retrouve presque sur cette étape la sensation de virginité qu'on a dans les alpages.
Presque.. car pas mal de cyclistes fluorescents nous dépassent pendant l'ascension. Nous devons nous écarter du chemin chaque instant pour les laisser passer, comme des automates ils nous souhaitent un Buen Camino ! En réalité, il n'y a rien de bien sincère dans leur courtoisie : "Buen Camino", ça veut dire : « Attention pousse toi, j'arrive ! ». Ils filent en danseuses, ils se ressemblent tous, leur vélo équipé à bloc, ils possèdent tous les gadgets imaginables que leur Dieu Décathlon a jamais créés. Manque que le tutu.
Une croix marque le sommet, c'est la Cruz de Fierro, la légende affirme qu'il faut mettre un caillou à ses pieds et faire un voeu. D'autres cyclistes arrivent. Les gars braillent l'heure du ralliement : « C'est l'heure du shoot de gatorade !» Ils déposent leur vélo avec précaution contre les barrières, jouant les importants, et croquent nonchalamment leur barre de céréales en plaisantant virilement. Comme ils sont beaux ! Tous les regards sont braqués sur eux, ils tournent et virent autour de leur monture, marchant les jambes écartées comme des cow-boys. Ils prennent la pose au pied de la croix et puis ils me demandent d'appuyer sur le déclencheur : fièrement ridicules dans leurs combinaisons, j'appuie sur le bouton ! Ils enverront le cliché à Bobonne, ça lui fera plaisir.
Sur un autre flanc, les invasions barbares reprennent de plus belle. Un autobus climatisé décharge une cargaison de retraité, le Nikon dégainé avant même d'avoir posé le pied au sol, ils sont venus voir la croix.
Nous partons en toute hâte, ces péquenots me filent des boutons. Hors de portée de ces vautrés, je m'autorise une de ces grandes réflexions qui font avancer le schmilblick : « Les cons, ça devrait être interdit ». Les cyclistes sont à leur manière, une menace pour l'écosystème, sortes de morpions montagneux, leurs colonies dégueulasses importent l'imbécilité du sport toujours, ils déflorent toujours plus loin pour l'exploit. On a tort d'être si tolérant, ce qui est une détérioration du beau résultera un jour en du mauvais.