jeudi, mai 31, 2007

Agés --> Burgos

Nous rentrons dans Burgos en commettant notre première entorse à la déontologie : nous empruntons le bus pour traverser la zone industrielle. Je me sens coupable de ma défection, mais il est trop tard. J'ai suivi le mouvement sans chercher à comprendre. J'aurais dû ne pas tricher et continuer à pied, ne serait ce que pour apprendre que les hommes ont construit des zones si laides qu'ils n'osent même plus s'y promener.
Il bruine dans le centre de la ville, une sorte de campement militaire monté dans un parc nous accueille, plus de cent lits sont rassemblés dans une promiscuité militaire. Cristina fait une sieste pendant que je tourne en rond dans cet endroit sinistre.
Assis sur un banc où le soleil donne, j'ai froid, malgré plusieurs T-shirts, dès qu'un nuage passait je recommence à frissonner. Je suis comme un vagabond et mon polaire se souvient de mes repas, j'ai renversé du yaourt et de la pizza incrustée, les tâches sont restées, il est pourtant hors de question de me séparer de mon pull, ne serait-ce que l'intervalle d'un lavage/séchage. Je me lève et je m'endors avec, toutes les calories sont précieuses. Jamais je n'ai trop chaud, tout au plus j'ai du rabe, mais je le garde pour plus tard. La chaleur d'un corps il faut la garder, car un corps froid met trop de temps à se réchauffer.
Par habitude du tourisme plus que par réelle envie, nous visitons la cathédrale de Burgos. L'entrée dans l'édifice ne nous coute que 1 € (Nous avons une réduction spéciale « pèlerins »). Il faut reconnaître que nous en avons pour notre argent : l'intérieur est plus qu'exubérant, Ors et Argents flamboient de toutes parts, les chapelles chargées d'ornements m'oppressent : partout, Jésus saigne et Marie-Madeleine pleure, ils en font des tonnes. À côté de cet entassement, Versailles ferait presque pauvre, évid. Manifestement, l'église, dans ses très riches heures, peinait en imagination pour dilapider son capital et s'adonnait au luxe le plus dispendieux : le mauvais goût. Je me demande pourquoi le protestantisme n'est pas né en Espagne en voyant cet étalage éccoeurant.



Pour ma part, j'abandonne définitivement tous mes remords d'avoir réclamer mon don dans le monastère, je deviens un touriste brutal, je sors l'appareil photo et je mets dans la boite tout ce que rencontre mon objectif : l'autel, la nef, les vitraux, je mitraille sans regarder, un Jésus-ci, une Sainte-Marie-là, vu le prix du Megabyte, il ne faut pas se priver. Je me demander cependant comment le christianisme a réussi à tenir deux millénaires sans guillotiner un pape.