samedi, juin 09, 2007

Ospital de Condesa--> Calvor

Dans l'odeur d'ensilage et de bouse de vache, nos ascensions se poursuivent douloureusement, mais nous espérons bientôt regagner les plaines. Nous traversons des coins vraiment sauvages, derrière des bicoques défoncées, des types à la trogne mal dégrossie passent leur journée à fendre des bûches en suant dans une chemise salopée. Dans les jardins, les planteurs de patate ne lèvent pas les yeux à notre passage, indifférents au flux de pèlerins, ils sont blasés. Dans leurs yeux, on lit une certaine suspicion : « Ils sont fous ces citadins à crouler sur leur sac ! ». La Galice est en effet la région la plus pauvre d'Espagne, très agricole, on voit peu de tracteurs modernes, la majorité date des années 70 : des Massey-Fergusson et des Renault.



Dans ce contexte, le touriste est avant tout assimilé à un idiot qui ne sait pas quoi faire de son fric. Un type nous attendait au coin de sa ferme, il me met un bâton dans les mains et me réclame ensuite deux euros. Je n’en veux pas ! Il marchande : « Un euro, s'il te plaît, c'est pour commencer ma journée ! ». « C'est ça ! Et mon cul, c'est du poulet ? »
Cependant, comment leur donner tort à ces gens de Galice ? Si on plantait des choux, on n’irait surement pas faire les cons sur le chemin. J'avance maintenant dans la souffrance et mes pieds gonflés sont devenus très lourds, je traine ma carcasse par habitude. Les exercices d'éveil ne m'intéressent plus, je ne pense plus qu'à arriver et dormir. Les questions existentielles n'ont plus de sens, il semble que j'ai vaincu la crise de la trentaine en rétrogradant au sens Maslowien, maintenant que j'ai faim, je n'ai plus besoin de reconnaissance sociale !